Je vais maintenant vous raconter le moment le plus dur de mon voyage mais en même temps l’un des plus beaux… L’ascension du Mont Rinjani !
Le Rinjani est un volcan, sur l’île de Lombok, qui culmine à 3726 m et qui se gravit en 3 jours / 2 nuits ou 2 jours / 1 nuit.
J’arrive à Bangsal, sur l’ile de Lombok, en speed-boat depuis Gili Air avec Sandy (un Belge rencontré à Jakarta). Autant vous dire qu’on est ultra excité à l’idée de grimper la haut. On nous mets dans une charrette et on nous dépose au Bunga Bunga Café qui est visiblement la plaque tournante des départs pour le Rinjani, le port de Senggigi, Mataram ou Kuta.
On attend une petite heure avant de monter à 15 dans un mini-bus qui va mettre 1h30 pour rejoindre Senaru.
Le meilleur trajet pour l’ascension du Rinjani part de Sembalun. C’est le moins compliqué car en partant de Senaru on aurait 2 jours dans les pattes avant de gravir le sommet…
La camionnette nous dépose à un « hôtel », la chambre est très simple, pas d’électricité dans la salle de bain, pas d’évier… c’est très sommaire mais on est là que pour quelques heures.
Louer des vêtements
Manquant de vêtements adaptés, je pars en louer dans le village, à la boutique Odentick Trekking (assez loin à pied mais le gars est top). Je prends :
– un blouson léger (pour compléter ma veste coupe-vent)
– un pantalon (il fait 0° la haut)
– une paire de chaussure (même si j’aurai pu le faire avec les miennes finalement)
– Une lampe frontale et des gants
J’en ai pour 120 000 IDR (j’ai acheté les gants pour 20 000 IDR)
Il faut lui laisser une caution de 300 000 IDR ou un passeport.
Sembalun (1100 m)
Ca y’est, il est 7h, on s’entasse embarque à l’arrière de notre petite camionnette pour 1h de trajet direction Sembalun.
On commence par s’inscrire dans un registre puis on attend que nos porteurs et guides soient prêts. Notre guide boite, car blessé au pied… ça part bien.
En attendant, on hallucine en voyant les porteurs partir avec 30 kg sur les épaules et des tongs alors qu’on est avec nos bonnes chaussures et nos petits sacs. Ces gars sont des forces de la nature !
Il faut savoir que les guides et les porteurs du Rinjani, montent pendant 2 jours, puis redescendent, se reposent une journée, puis recommencent…
L’ascension
11h30 – On commence tranquillement à remonter une plaine sous des nuages noirs avant d’entamer une longue marche vers le POS 1.
Les POS sont des arrêts… voyez les comme des aires de repos où vous pouvez acheter à manger ou à boire (compter 25 000 IDR pour une bouteille d’eau).
12h30 – Pause déjeuner d’1h30 sous la pluie.
14h – La météo change au fur et à mesure que l’on grimpe et on arrive au POS 2 en 30 mn.
15h30 – À POS 3, ça commence à grimper, mais on a encore des forces dans les jambes donc on y arrive facilement. Le paysage est dingue ! Les couleurs et les ombres que créaient le soleil et les nuages sont dignes de film. Très mystique, très calme, très silencieux…
16h30 – On arrive au POS 4, là ça grimpe et le dénivelé commence à se faire sentir. On fait une pause pendant que les porteurs grimpent presque en courant… toujours en tongs…
Bon, autant vous dire qu’on aimerait arriver au camp… et c’est là qu’on croise une femme, avec un sourire incroyable et son enfant sur le dos qui n’ont pas l’air de peiner… ça redonne des forces et on repart en direction du POS 5 qui est à 2 600 m.
La montée se fait en grimpant le long de racine, sur des fins chemins de terre, bref… pas évident mais ça passe.
Camp de base (2 600 m)
17h30 – On arrive au camp de base (POS 5) juste avant la nuit ! Enfin !
Le spectacle est juste magnifique ! On découvre une enfilade de tente qui compose le camp de base, le long de la crête de la montagne, face à un ravin dans lequel tournent des nuages et en fond le Mont Sengkereang !
Je m’assois et reste assis face à tout ça pendant 30 bonnes minutes… on est au dessus des nuages, minuscules, au milieu de ces montagnes gigantesques que l’on vient de grimper… Il y a un petit vent, le soleil maintient encore une température positive, mais ça ne va pas tarder.
On est sur le Rinjani bordel !
Notre guide n’est pas là, on va l’attendre 30 mn. On est sans tentes, sans porteurs… on commence à comprendre que notre agence est à chier totale.
On patiente
En attendant, on discute avec des touristes, il y a toutes les nationalités, ça chante, ça joue de la guitare (qui, sain d’esprit, grimpe tout ça avec une guitare ??), ça boit de la bière (qui coute 100 000 IDR… les porteurs amènent de quoi approvisionner le dernier stand de nourriture/boisson et les prix sont forcément en conséquence).
18h30 – On installe le camp, dans le noir et on se rend compte que l’agence a oubliée 2 tentes… quand je vous disais qu’ils sont nuls… on dispatch donc dans nos tentes, les 4 à la rue. Pour le coup, le diner est très bon. Pas de folies ce soir, on se couche tôt (22h) car la nuit va être courte.
22h – Il fait 0°, on a donc perdu 30° en une après midi… pantalon et sweat pour dormir dans le duvet ne sont pas de trop.
À ce moment-là, en regardant le plafond de ma tente, je me demande à quoi ressemble cette dernière étape. Tous le monde en parle comme étant un enfer. On est plus excité qu’inquiet finalement… si on savait…
En résumé de cette journée
le premier jour est relativement simple. La fin est dure parce qu’il y a 6h d’ascension dans les pattes (qui représente quand même 1500 m de dénivelé !), mais le paysage est magnifique, on passe d’une végétation belle et vivante à une végétation morte et poussiéreuse.
Je ne savais pas à quoi m’attendre avec le camp de base, mais pas à cet alignement de tente le long de la crête, à quelques mètres du ravin. Ça rend le moment encore plus fort et intense surtout avec une vue comme celle là !
Le sommet du Rinjani (3 726 m)
2h – Le réveille sonne, je suis debout en 5mn, tellement pressé de commencer cette dernière étape ! J’enfile mes couches de vêtements (pantalon thermo + pantalon loué / tee-shirt thermo + sous pull thermo + veste à capuche + veste coupe vent + blouson loué (ce dernier blouson n’était finalement pas nécessaire) ). Le petit déjeuner est une blague : 3 crackers est du thé sans goût… On avait acheté des barres de céréales (pensez-y, mentalement elles me seront d’une grande aide).
3h – C’est le départ, lampe frontale en position, je rejoins la file qui se lance à l’attaque du sommet. Le guide ayant été malade toute la nuit, il reste au camp.
Je dirais que l’ascension du sommet se réparti en 3 étapes :
Étape 1 – Les jambes
Il y a du monde sur cette première étape, on grimpe en s’aidant avec les mains car on est dans des sortes de crevasses de terre, mais le sol est dur (oui c’est bizarre de le préciser… mais attendez la suite). Ca bouchonne un peu, personne ne parle vraiment, on est dans notre bulle. À certains endroits, on glisse un peu sur la petite roche volcanique mais on se tient au bord et aux racines. Les genoux travaillent beaucoup, mais ça reste facile à escalader.
Cette étape dure environ 1h.
Étape 2 – Le mental
La 2e étape commence à nous donner une impression de la difficulté de l’ascension.
Ça monte non-stop et on marche sur de la petite roche volcanique qui provoque quelques dérapages. Quelques personnes sur le côtés reprennent leur souffle… et à la fin de ce tronçon, on ne voit plus rien à droite ni à gauche, impossible de connaitre l’importance du vide… On a déjà qu’une envie : arriver !
Je mange une barre de céréale, ça me sert de réconfort… la prochaine je la mangerais la haut.
On regarde au sommet les quelques torches déjà arrivées… On est plus qu’à 1km… on fait jouer le mental et on avance.
Étape 3 – Mode automatique
Si vous cherchiez l’enfer… il est ici !
Cette 3e étape est la plus compliquée… la pente est encore plus raide, mais ça n’est pas le pire… le pire c’est la petite roche sous nos pieds qui s’échappe, comme du gravier. Vous grimpez de 2 pas et vous glissez d’un pas… On marche 10m, on fait une pause… puis on fait 5m – une pause… puis 2m – pause…
En voyant les torches en haut, je me rends compte que l’on est pas arrivé… c’est là que le cerveau passe en mode automatique, fini le mental, fini le physique… l’expression « mettre un pied devant l’autre et recommencer » prend tout son sens. On se soutient du regard avec ceux qu’on croise, on relève quelqu’un, un autre nous empêche de glisser… Je me rappelle qu’un gars montait avec une petite enceinte poussée à fond… après 2 semaines sans musique, c’était pile le bon moment, ça aide tellement !
Mon cerveau part en sucette
C’est con… mais à 300m du sommet, je me rappelle des rochers tout en haut qui formaient la silhouette d’une maison, je m’imaginais un bon bain chaud dans un petit chalet en bois et je me répétais dans ma tête « encore un peu, le bain t’attend » ! D’autre mon avoué la haut qu’ils pensaient à un lit ou un bon petit déjeuner qui les attendait au sommet (chacun sa motivation).
Il est 5h45, j’arrive aux gros rochers après 3h d’ascension, je sais que c’est fini, quelques mètres de plus et on est en haut d’un des sommets du monde ! 3726 m !
Le soleil commence à pointer son nez, on oublie la fatigue face à tout ça et je dois l’avouer… j’ai presque une petite larme à l’oeil.
Plus le soleil se lève, plus on se rend compte de ce que l’on vient de grimper, du paysage qu’il y avait autour de nous et c’est magnifique ! On est au-dessus des nuages, le soleil pour seul compagnon.
Une petite barre de céréales et c’est reparti !
On redescend
Bizarrement, la descente est plus facile !! S’en est presque marrant, car on surf sur le « gravier ». C’est maintenant qu’on se rend compte du trajet, de ce qu’il y avait sous nos pieds. On s’enfonce de 10cm dans ce que l’on essayait de gravir 1h avant…
Quelques singes nous accompagnent dans la descente. Il y a quelques buissons qui réussissent à pousser dans le coin… aberrant.
On va mettre quand même une grosse heure pour descendre, je ne pensais pas que c’était si loin…
Arrivé au camp, on prend un petit déjeuner, puis on décide avec mon ami Belge de ne pas aller au lac et aux sources chaudes… On ne fera donc pas la 2nd nuit et beaucoup dans le groupe choisissent cette option également.
Départ du camp à 9h30 et on redescend tout ce que l’on a grimpé. On va donc faire un dénivelé négatif de 2600m en 6h.
On enfile les POS petit à petit, 30 à 45mn pour passer des uns aux autres. À midi, on s’arrête au POS 2 pour une pause déjeuner bien méritée (on retrouve le guide, après quasi 2 jours d’invisibilité…).
On arrive en bas à 15h et on rejoint Senaru vers 16h où notre agence prévoit (plus ou moins bien) les transferts entre Bengsal, l’aéroport, Kuta, etc.
BOITE À INFOS
# COMMENT Y ALLER ?
Idéalement, prenez un tour opérateur. Certains bons hôtels à Senaru propose un package.
Je conseille : Rudy Trekker : www.rudytrekker.com
On a vu leur campement et ça semble pro et le resort à Senaru est top (il a également de bons avis sur les guides et internet).
Je déconseille : Rinjani Treking Agence (ou Trekk Rinjani Adventur)
Une bande de tocard. Ils ont voulu changer notre parcours la veille au soir, ils nous ont déposé à l’hôtel la veille au soir sans nous briefer sur le lendemain, certains avaient un pack incluant des fringues et ils n’ont rien eu, ils ont oublié 2 tentes !
Depuis Bengsal : Prendre un taxi ou mini-bus jusqu’à Senaru (des logements doivent exister à Sembalun…)
L’agence gère le transfert de Senaru à Sembalun en camionnette.
# TEMPS SUR PLACE :
2 jours / 2 nuits
# OÙ DORMIR / MANGER ?
Dans une tente…
# QUOI FAIRE ?
Grimper…
# VÊTEMENTS
Chaussures : running avec des semelles avec de bon crampons.
Chaussette : montante (pour éviter la poussière)
Sous-pentalon : sous-pentalon thermolactyl
Pentalon : Un pentalon type joging ou de marche
Sous-pull : sous-pull thermo
Sous-veste : petite veste de sport à capuche (pour protéger la tête)
Veste : une veste ou coupe vent pour éviter d’avoir froid.
Gants
Prévoyez un bonnet. 2 semaines avant moi, un groupe est monté est a eu de la pluie et du gel..
# BUDGET RINJANI
– Tour opérateur : 1 500 000 IDR pour 3 jours / 2 nuits
– Restaurant Senaru : 70 000 IDR
– Location de fringues : 30 000 IDR la journée
– Boissons POS : 25 000 IDR
TOTAL : 1 625 000 IDR (96,50 €)
# MON ORGANISATION
JOUR 1
– 9h : Départ de Gili Air
– 11h : Départ de Bengsal pour Senaru
– 12h30 : Arrivé à Senaru
– Après midi : Visite des cascades de Senaru (voir l’article)
– Après midi : Location de vêtements
JOUR 2
– 8h : Départ pour Sembalun (1h)
– 11h30 : Départ du trek
– 12h30 : Pause déjeuner
– 14h30 : POS 2
– 15h30 : POS 3
– 16h30 : POS 4
– 17h30 : Arrivé au camp de base pour la nuit
JOUR 3
– 2h : Debout !
– 3h : Départ pour l’ascension
– 6h : Arrivé au sommet du Rinjani
– 8h : Retour au camp de base
– 9h : Départ du camp de base
– 13h30 : Pause dej’ au POS 2
– 15h : Arrivé en bas
– 16h : Arrivé à Senaru
– 19h : Départ de Senaru
– 20h : Arrivé à Bengsal
– 21h30 : Arrivé à Mataram
Commentaire
2 Commentscaroline papi
Mai 26, 2022Hello Nicolas !
Trop fou, j’ai fait cette même ascension en 2013 et je lis exactement ce que j’ai vécu !
Depuis, je cherche un peu cette même sensation ; de difficulté, mais pur bonheur à la fin. As-tu fait une autre ascension qui t’a donné cette impression ?
Merci !!! 🙂
Caro
Nicolas
Mai 29, 2022Salut Caroline,
jusqu’aujourd’hui, rien de comparable en terme de durée / difficulté.
La je prépare un trek d’un mois au Népal, en misant sur la longueur plutôt que la difficulté.
Mais bizarrement, le Rinjani… je le referais bien… !